Écho de l'inauguration du Jubilé à Musongati

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Écho de l'inauguration du Jubilé à Musongati

Amahoro.pl
Published by P. Zacharie A. M. Igirukwayo, ocd in The Reg. Vicariate · 7 February 2021
Tags: Jubilé
Expériences fondamentales de la foi à Musongati : la Croix et la vie mariale
Le dimanche 7 février 2021 a eu lieu l’inauguration du Jubilé de la présence des Carmes Déchaux au Burundi et au Rwanda conformément à la consigne donnée aux Communautés de prendre l’initiative d’organiser elles-mêmes leur entrée dans l’année jubilaire et d’imprimer celle-ci d’un aspect propre. C’est ainsi que la Communauté de Musongati a organisé pour le dimanche 7 février 2021 son entrée solennelle dans les célébrations du jubilé. Étaient présentes une délégation de la Communauté de Gitega dont le Vicaire régional et une autre de la Communauté de Bujumbura. Outre la splendide liturgie, il y aurait beaucoup à dire sur les aspects qui ont marqué cette journée. Nous nous limitons ici au message qui en souligne la spécificité. La Communauté chrétienne catholique de Musongati est la première parmi les cinq présences des Carmes Déchaux de notre région qui existent aujourd’hui. Sans sous-estimer la présence des Carmes Déchaux à Mpinga de 1973 à 1985 mais en continuité avec elle, la présence des Carmes à Musongati affiche une longévité de 46 ans desquels il faut naturellement retrancher la parenthèse du repli au Rwanda, quand ce n’était pas possible aux missionnaires d’œuvrer au Burundi à cause des mesures anticléricales d’alors. S’il faut déterminer ce qui caractérise réellement Musongati, deux traits fondamentaux de l’existence chrétienne émergent : la croix glorieuse (cf. Jn 3, 14 ; 8, 28 ; 12, 32) et l’expérience mariale. À Musongati est toujours planté l’étendard des missionnaires : la croix glorieuse. Il s’y vit aussi sans interruption une expérience mariale qui a toujours accompagné l’Église depuis la parole de Jésus sur la Croix : « Jésus voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : “Femme, voici ton Fils.” Puis il dit au disciple : “Voici ta mère.” Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. » (Jn 19, 26-27).
 
La puissance de la Croix
Tout comme les premiers missionnaires du Burundi plantèrent la Croix à Misugi en 1897 et en plantèrent une autre à Muyaga quand ils durent fonder la première mission l’année suivante, presque 75 ans après, nos missionnaires furent convaincus de ne rien apporter d’autre au Burundi que l’annonce du Christ, le Messie crucifié. La Croix glorieuse du Christ – « Quand je serai élevé de terre j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 32) – les a toujours accompagnés. Le 22 juin 1971 par l’imposition de la Croix missionnaire, ils entendaient porter la croix à la main et surtout dans le cœur, comme contenu et bouclier dans le service missionnaire qu’ils embrassaient : Umusaraba ni wo waturokoye uratubohora. Dès le début à Mpinga, nos missionnaires se sont appuyés sur une coutume existante consistant pour les chrétiens à prier ensemble le chapelet et exécuter des chants religieux devant des croix de bois quelques fois seulement accrochées à des arbres. Ils ont consolidé et renforcé cette belle coutume en marquant les lieux de récitation du chapelet par de grandes croix plantées dans le sol ; œuvre à laquelle le frère Sylvestre Szypowski se donnait à cœur joie. Parmi ces nombreuses croix émergeait particulièrement celle qui était planté sur la colline proche de l’église et des bâtiments de la mission à Mpinga. Nous pouvons dire aujourd’hui que, aussi bien au Burundi qu’au Rwanda, l’annonce et l’implantation de Croix glorieuse du Christ avec son potentiel de libération de toutes les chaînes du mal, du péché et de la mort et de victoire de la vie sur la mort, demeure au centre de l’expérience et de la mission des Carmes Déchaux, y compris dans les moments les plus troublés de l’histoire de nos peuples. Les croix imposantes plantées dans le sol en demeurent le signe le plus parlant.
Très providentiellement, les messages de l’année sainte de la rédemption (1975) renforcèrent l’enracinement de l’évangélisation de nos missionnaires dans cette base présente dans la Parole de Dieu, en l’occurrence dans l’expérience missionnaire de saint Paul. Non seulement les missionnaires, mais aussi les destinataires de leur message ont vécu la même expérience. Le témoignage des simples chrétiens de nos collines de Mpinga et Musongati rapporte la même conviction : regarder le Christ crucifié pour nous, donne la force pour mener avec endurance les combats de notre vie chrétienne.  C’est cette même année qu’est venue aux missionnaires l’idée d’ériger la grande croix à la colline proche de la paroisse de Musongati à l’occasion de la commémoraison de l’année jubilaire de la Rédemption. Le frère Marcel s’est mis à fabriquer cette grande croix métallique de 11 mètres de haut. L’évêque Joachim Ruhuna de Ruyigi accompagné par Mgr Aloys Bigirumwami, évêque émérite de Nyundo, consacra la croix. C’est sous les ordres du pouvoir anticlérical des années 1976-1987 que les croix plantées sur les collines devaient rejoindre les églises et celle qui surplombait Musongati ne fit pas exception. La Croix de Musongati fut déplacée de la colline vers la paroisse avec une opposition farouche des autorités administratives de la replanter, même si ses dimensions ne permettaient pas qu’elle rentrât à l’église. Ce n’est que, à la veille de la fête de l’exaltation de la Croix en 1984, à la faveur d’une plus grande tolérance des autorités locales, que cette Croix a été de nouveau érigée au lieu qu’elle occupe aujourdhui, symbolisant la Croix glorieuse du Christ, source intarissable de la vie en plénitude qui provient du Père et nous est donnée par le Christ en Église.
 
Le Carmel du Burundi et du Rwanda s'enracine dans l'expérience mariale
Il est d’usage commun de dire que le Carmel est tout entier marial (Carmelus totus marianus) mais quand il s’agit de l’expérience du Carmel dans notre Région, en cette paroisse Marie Reine des apôtres, le Carmel du Burundi et du Rwanda se manifeste comme entièrement enracinée dans l’expérience mariale.
1) Le frère Léonard qui a joué un rôle majeur dans la fondation du Carmel au Burundi en prenant la tête du groupe des premiers missionnaires a émis au moins deux actes de consécration à la Vierge Marie. D’abord à vingt-et-un an d’âge, le 5 août 1934 jour de fête de Notre-Dame des Neiges, lors de ses vœux solennels, il fit son acte de consécration à la Vierge Marie dans les mains du père Anzelm Gądek (1884-1969) qui venait de fonder, quelques années plus tôt, la Congrégation des Sœurs Carmélites de l'Enfant Jésus le 31 décembre 1921. Quarante-quatre ans plus tard, dans une lettre du 20 octobre 1978 adressée au Pape Jean-Paul II récemment investi successeur de saint Pierre au siège apostolique, le père Léonard promit de traduire en acte de consécration la constante prière en sacrifice et toute sa vie pour un long et heureux pontificat de son compatriote devenu Pape et qu’il le ferait le 22 octobre suivant, en présence de son confesseur. Le 22 octobre est aujourd'hui la mémoire liturgique de saint Jean-Paul II. Il n’y a pas de hasard dans le plan divin, chaque fois que nous commémorons saint Jean-Paul II, le souci maternel de l’Église de la part de Marie devrait nous rappeler aussi que nous ses fils, nous devons être habités par la même sollicitude.
2) Le 22 juin 1971 au soir à Poznán, lors de la cérémonie solennelle de l’envoi en mission des premiers onze missionnaires, quatre parmi eux portaient la copie du tableau miraculeux de Notre-Dame de Czestochowa, que le Cardinal Stefan Wyszynski offrait à la jeune Église du Burundi à la demande du père Léonard.
3) Quand le père Léonard lui-même se débattait dans de nombreuses difficultés à peine commencée l’expérience de la mission au Burundi, il s’adressa avec confiance au Cardinal Stefan Wyszyński en lui partageant, oui les difficultés qui le tenaillaient, mais en même temps le fait qu’il confiait tous ses préoccupations et ses  espérances à la Mère de l’Église et Reine de la Pologne vénérée particulièrement à Czestochowa. Et le Cardinal Stefan Wyszyński lui-même consola le père Léonard en le bénissant et en plaçant la mission du Burundi sous la protection indéfectible de Marie : « En tant qu’humble serviteur de Notre Reine du Ciel et de la terre, je vous bénis et place votre mission sous Sa protection indéfectible. Je vous souhaite de ne jamais douter de Son amour pour vous et pour le peuple africain » (10.04.1972)
4) Nous comprenons donc que le choix de Marie Reine des apôtres comme patronne de la première paroisse fondée par les Carmes au Burundi, Musongati, n’est pas une transposition de ce que les Pères Missionnaires d'Afrique avaient fait en plaçant la mission de Mpinga sous le patronage de Notre Dame du Rosaire. Dans ce patronage se trouve reflétée une conscience missionnaire qui confesse de se trouver toujours dans le berceau marial pendant qu’on œuvre en mission, même au sein des difficultés.  11 ans plus tard, la première maison fondée au Rwanda par les Carmes en 1985 (Butare) fut aussi dédiée à Marie Mère du Carmel.
5) L’expérience mariale n’est pas restée seulement fixée aux origines. À Musongati, Carmes Déchaux et peuple chrétien sont unis sous le manteau de la Vierge Marie à laquelle ils vouent un amour filial et une intense ferveur religieuse, dont le port commun du Saint Scapulaire témoigne. Cela est devenu la caractéristique de ce lieu au niveau local et national, pour les membres de la Fraternité du Scapulaire et de nombreux autres pèlerins qui y accourent en provenance de tous les coins du Burundi particulièrement autour de la solennité de Notre-Dame du Mont Carmel le 16 juillet de chaque année.
6) De ce foyer de dévotion mariale sont issues quelques-unes des vocations que le Carmel du Burundi et Rwanda compte en son sein. L'attraction du regard de la Mère, Patronne et Soeur des Carmes n'en a pas fini d'exercer son impact. Maintenant même le premier samedi du mois est en train d'enregistrer un afflux croissant de fidèles.
7) Le projet en cours de construction du sanctuaire marial ne provient pas d'une idée des frères. Il est le fruit  de la voix silencieuse (solitude sonore) des pèlerins qui pur nous signifie que la voix du peuple (même et surtout silencieuse) est la voix de Dieu: "Vox populi, vox Dei". C'est donc autant la caractéristique du Carmel que le sens de l'Église (Sensus Ecclesiae) car c’est l’intuition de la foi du peuple qui éprouve le besoin du lien à Marie dans son pèlerinage d’ici-bas qui a devancé l’initiative des Carmes Déchaux à penser au projet d’un sanctuaire marial. Pour les Carmes du Burundi et du Rwanda, en synergie avec le peuple chrétien de Musongati, le sanctuaire marial sera aussi un signe de reconnaissance au Seigneur, analogue à celui qui fut à l'origine de notre fondation, de manière que nous puissions rêver déjà de l’itinéraire marial allant de Czestochowa en Pologne jusqu’à Musongati au Burundi. Au-delà de l’absence forcée du Burundi de 1985 à 1990, l’existence mariale a constitué l’élément indéfectible de continuité dans la mesure où Butare au Rwanda a été fondé placé sous le patronage de Marie Mère du Carmel et le dernier-né des 5 couvents, Gitega, sous le patronage de Marie Reine du Carmel.



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