JUBILÉ D’OR DE LA PRÉSENCE DU CARMEL THÉRÉSIEN MASCULIN DANS LA RÉGION DU BURUNDI ET DU RWANDA (1971-2021)

Cette année du Seigneur 2021, le Carmel masculin thérésien est en train de célébrer avec joie un Jubilé d’or de la présence des Carmes Déchaux dans notre région du Rwanda et Burundi. Nous disons dans notre région du Rwanda et du Burundi car d’une part notre Vicariat couvre le Rwanda et le Burundi, d’autre part, dans l’intention du père Léonard qui coordonnait le premier groupe de missionnaires carmes en 1971, il aurait fallu fonder simultanément au Burundi et au Rwanda. Ce jubilé, nous le ressentons comme un événement à la fois charismatique de par la spécificité du patrimoine spirituel des Carmes dans l’Église, mais en même temps ecclésial de par le rôle que la hiérarchie ecclésiastique et l’insertion dans le peuple de Dieu y ont toujours joué. D’ailleurs nous entendons en commencer l’intensité des célébrations le 26 juin 2021, avec une ordination sacerdotale à Gahunga. C’est une date proche du jour d’envoi solennel en mission quand Monseigneur Jan Wosiński, Directeur de l’Union Pontificale missionnaire en Pologne, imposa la croix missionnaire aux onze premiers jeunes carmes missionnaires le 22 juin 1971 à Poznán. Au centre de ces célébrations auront lieu les professions solennelles de cinq de nos frères dans une Eucharistie solennelle présidée par Mgr Bonaventure Nahimana, Évêque de Ruyigi, à Musongati, en présence de notre Père Provincial, Piotr Jackowski. La paroisse de Musongati aujourd’hui dans le diocèse de Rutana, nous a été confiée depuis sa fondation en 1974 jusqu’à aujourd’hui. Voici en bref ce que nous sommes en train de commémorer.

Mgr Joseph Germain Martin (1903-1982), missionnaire d’Afrique au Burundi (1927-1977) et premier évêque du diocèse de Bururi (1961-1973), fut le premier pasteur qui manifesta un vif intérêt à la venue des Carmes en mission au Burundi. Mgr André Makarakiza souhaitait aussi leur venue et implantation dans l’Archidiocèse de Gitega, mais ce ne fut pas possible en ces débuts de 1971.

Mgr Joseph Marin donc, accueillit le père Léonard Józef de la Passion du Seigneur Kowalówka (1913-1990) lors de son voyage d’exploration du terrain missionnaire entre le Congo et le Burundi en 1970. Il provenait de la province carmélitaine de Pologne qui venait de décider dans le chapitre provincial de 1969, de fonder une mission propre à elle dans l’esprit du Concile Vatican II. Le père Léonard fut le conducteur du groupe des premiers onze missionnaires qui ouvrirent la mission des Carmes Déchaux au Burundi. Lors de sa mission d’exploration au Congo donc, l’interlocuteur fut Mgr Victor Keuppens, évêque de Kamina au Katanga. Au Burundi, ce fut Mgr Joseph Germain Martin qui l’accueillit et lui présenta l’idée pouvant se transformer en projet de confier aux carmes la mission de Mpinga. Celle-ci disposait d’une structure convenable : une maison missionnaire rectangulaire et une maison secondaire ainsi qu’une église consacrée en 1969. Elle comptait déjà 17.000 catholiques/57.000 habitants. Cette mission tenue par les Missionnaires d’Afrique depuis 1935 était implantée dans un milieu pauvre avec un grand besoin de formation spirituelle.

Au retour du père Léonard en Pologne, il exposa les offres missionnaires respectives des deux évêques et celle de Mgr Joseph Martin fut choisie. Mgr Joseph Germain Martin lui-même voyagea jusqu’en Pologne pour rendre visite aux onze futurs jeunes missionnaires qui s’étaient offerts généreusement pour partir en mission au Burundi. La messe d’envoi solennel en mission eut lieu le 22 juin 1971 à Poznán. Puis ils irent en France pour apprendre la langue d’instruction et d’administration au Burundi, le français. Ils prirent l’avion à Rome pour arriver au Burundi via Entebbe le 1^er septembre 1971.

L’année 1973, aux Carmes fut confiée la paroisse de Mpinga, jusqu’alors desservie par les Missionnaires d’Afrique. Ils y restèrent jusqu’en 1985 quand l’intolérante vague anticléricale déstabilisa leur présence au Burundi.

Les noms des premiers missionnaires sont : Père Fr. Léonard Kowalówka, Père Fr. Théophile Kapusta, Père Fr. Cassien Dezor, Père Fr. Jean Kanty Stasiński, Père Fr. Claude Spyrka, Père Fr. Edmond Wrzesiński, Père Fr. Sylvain Zieliński, Père Fr. Camille Ratajczak, Père Fr. Élie Trybała, Frère Marcel Szlósarczyk, Frère Sylvestre Szypowski.

La plupart ne sont plus de ce monde mais parmi ceux qui vivent encore et sont actifs dans la mission, le père Camille Ratajczak œuvre avec les jeunes religieux dans la Communauté de Butare au Rwanda ; d’autres comme le père Sylvain Zieliński et Jean Kanty Stasiński nous soutiennent depuis la Pologne.

Entre-temps l’histoire des Carmes au Burundi et au Rwanda est marquée par une mystérieuse fécondité. Comme nous le disions plus haut, le père Léonard pensait à une fondation simultanée au Burundi et au Rwanda. Mais sa proposition tourna court, les compagnons de la mission n’ayant pas partagé son avis ; le père Léonard lui-même dut rentrer définitivement en Europe sans trop tarder. Néanmoins, une année après avoir accepté le ministère de Mpinga et sans l’abandonner, les Carmes acceptèrent de fonder la paroisse de Musongati où ils œuvrent depuis 1974 jusqu’à ce jour sans interruption, sauf la parenthèse de repli au Rwanda qui dura six ans (1985-1990).

La nôtre est une fécondité fondamentalement chrétienne car elle passe par la Croix dans la mesure où ces années de dispersion des missionnaires constituèrent un temps dense d’essaimage de la mission. Effectivement il en surgit la fondation au Rwanda de la Communauté de Butare (1985) avec comme finalité l’apostolat spirituel dont un petit centre de spiritualité et la formation des jeunes candidats au Carmel. Et presqu’au même rythme que celui de la succession de Musongati à Mpinga, après Butare les Carmes acceptèrent la naissante paroisse de Gahunga (1986).

C’est de ce développement que le retour au Burundi fut suivi par la fondation de la Communauté à Bujumbura en 1999, et neuf ans plus tard celle de Gitega. Avec le temps, à l’apostolat paroissial et marial de Musongati a été associée à Bujumbura la mission de formation des jeunes candidats au Carmel qui fréquentent des cours de philosophie après leur première émission des vœux. L’apostolat de Bujumbura est essentiellement fondé sur la confession et l’adoration eucharistique.

En 2008 naquit le couvent de Gitega. Là-bas l’apostolat spirituel est la première finalité de la Communauté des Carmes Déchaux. À celle-ci s’est joint le ministère tourné vers les jeunes aussi bien ad intra (formation des aspirants en la vie carmélitaine) que ad extra, à travers les cycles d’accompagnement humain et spirituel.

Dans toutes ces communautés, la priorité est accordée à la dignité de la personne humaine, fondée sur l’intériorité habitée par Dieu. De cette dignité ressentie et reconnue en tout être humain, découle un regard de sollicitude envers les visages sur lesquels l’image du Christ est défigurée par différentes formes de mal et de péché. En cela la contemplation du visage du Christ joint en un même mouvement une contemplation adorante et une solidarité avec les pauvres, en toutes les formes de pauvreté : spirituelle, morale et matérielle.

Après ces cinquante ans de présence en Église, nous voudrions avancer toujours vers le large en action de grâces au Seigneur et dans un esprit d’écoute à sa voix qui nous parvient principalement à travers ses médiations de divers ordres, principalement celle des Pasteurs de son Église.