Visite du P. Provincial au Vicariat Regional au Burundi et Rwanda
COMMUNAUTE DE MONIALES A KIGALI
COMMUNAUTE DE GAHUNGA
Le message du P. Provincial, Piotr JACKOWSKI, ocd, aux Carmes Déchaux du Vicariat Régional
Chers frères,
Notre visite fraternelle coïncide avec la clôture du Jubilée de 50 ans de la présence des carmes déchaux au Burundi et au Rwanda. Ce temps de grâce, que ce soit en Pologne – d’où sont venus les 11 premiers carmes missionnaires, que ce soit au Burundi et au Rwanda, où le charisme thérésien avait trouvé la terre fertile dans laquelle il n’a pas seulement commencé à germer mais il produit aujourd’hui d’abondantes récoltes sous la forme des vocations autochtones et de belles œuvres carmélitaines. Le temps du Jubilé est une occasion propice pour remettre en question ce que le dernier chapitre général nous a proposé dans une forme de Déclaration sur le charisme : „Être Frères Carmes Déchaux aujourd’hui” en nous interrogeant sur notre propre identité et à donner une réponse honnête à la question : Qu’est-ce que ça veut dire d’être carmes déchaux aujourd’hui ?
Comme le souligne à juste titre le document mentionné, nous devons être reconnaissants pour notre histoire mais nous ne pouvons pas demeurer prisonniers d’un passé glorieux mais désormais révolu et nous ne pouvons pas laisser passer la grâce du moment présent, dans lequel nous sommes appelés à travailler concrètement en vue de construire le Carmel dont notre temps a besoin [1].
COMMUNAUTE DE MONIALES A CYANGUGU
Le 31 juillet en 1969, pendant son pèlerinage apostolique en Uganda le pape Paul VI, en conclusion du Symposium des évêques d’Afrique à Kampala a prononcé une homélie prophétique qui, en fait, est une lettre ouverte à l’Eglise en Afrique. Il a dit : Vous, Africains, vous êtes désormais vos propres missionnaires. L'Eglise du Christ est vraiment implantée sur cette terre bénie (cf. Decr. Ad gentes, 6)[2].
En faisant aujourd’hui la référence à ces mots du pape nous pouvons dire aussi : Vous, carmes déchaux du Rwanda et du Burundi, vous êtes responsables de charisme. Le Carmel thérésien est bien enraciné dans cette terre bénie. Être missionnaire chez soi, expliquait à l’époque le pape Paul VI, signifie construire l’Église, tout en gardant l’équilibre entre deux grandes forces : la hiérarchie et le charisme.
Et c’est pareil aujourd’hui. Lorsque nous parlons du Carmel thérésien sur cette terre bénie au Burundi et au Rwanda nous sommes obligés de créer harmonieusement des structures du Vicariat et leur donner un contenu sous la forme de notre fidélité charismatique. Cet aspect est aussi mentionné dans le texte de la Déclaration, lorsqu’on parle du sujet de l’expansion de l’Ordre : La condition première et fondamentale pour implanter la vie carmélitaine dans une nouvelle région est de bien connaître le charisme, non seulement sur le plan théorique et conceptuel, mais surtout par l’assimilation personnelle et l’expérience vécue. Seule une connaissance approfondie de l’idéal carmélitain-thérésien et une identification personnelle avec celui-ci permettent de le transmettre efficacement. Pour l’expansion de l’Ordre, il est donc nécessaire de se concentrer davantage sur la qualité de la vie charismatique des missionnaires et sur un témoignage attrayant que sur la réalisation d’œuvres extérieures, aussi utiles soient-elles pour le développement social et humain. De même, en ce qui concerne l’accueil d’éventuelles vocations, il faut abandonner le souci de la croissance numérique et s’assurer avant tout de l’aptitude des candidats à notre forme de vie ainsi que de notre capacité de leur offrir un bon discernement et accompagnement dans le processus de formation[3].
COMMUNAUTE DE BUTARE
Nous pouvons dire clairement qu’aujourd’hui le Carmel est déjà bien enraciné au Rwanda et au Burundi. Nous voyons les structures, la présence de toute famille carmélitaine : les frères, les sœurs Moniales, l’ordre séculier et d’autres groupes de laïcs qui s’identifient avec notre spiritualité - comme des Amis du Carmel, les fraternités du scapulaire et les groupes de jeunes. Il y a des maisons de formation, des centres de spiritualité (deux maisons de retraite), les paroisses avec la perspective du Sanctuaire à Musongati et la vision concrète de nouvelle fondation à Kigali. Vous avez commencé à promouvoir le Carmel à travers les publications. Vous êtes présents d’une manière régulière dans les moyens de communication comme Radio Maria au Rwanda et au Burundi et sur Internet (Facebook, YouTube). C’est votre richesse et c’est aussi votre potentialité qui est énorme. Vous avez déjà une expérience concrète : vous êtes des supérieurs, des formateurs, des curés de paroisses. Le Vicariat régional des carmes déchaux au Burundi et au Rwanda, c’est un fruit d’une belle histoire et c’est la joie de toute notre Province qui a envoyé les premiers missionnaires il y a 50 ans et nous en sommes fiers comme les parents qui se réjouissent de leur enfant qui commence à entrer dans la maturité.
Notre présence parmi vous ne se termine pas mais elle change et elle doit changer car c’est une étape naturelle de la croissance. Aujourd’hui nous ne voulons pas décider à votre place mais vous accompagner, offrir notre conseil et aide au besoin. Ainsi nous voulons exprimer ces mots qui sont très encourageants et en qualité de provincial j’aimerais vous dire : j’ai confiance en vous !
Ma présence parmi vous comme frère mais aussi comme père, (bien qu’elle soit courte et limitée), en faisant connaissance de vos joies, vos soucis et vos préoccupations, je reviens encore une fois à la lecture et à la réflexion proposée dans la Déclaration. Ce document nous guide dans notre vie carmélitaine d’aujourd’hui. Dans la quatrième partie du document sont énumérés trois éléments principaux de notre charisme : la vie de la prière, la vie fraternelle et la mission. Pendant le chapitre général nous avons eu l’occasion d’écouter les paroles du pape François qui a exprimé l’attente de l’Eglise par rapport aux carmes déchaux: vous êtes appelés, en tant que fils de Ste Thérèse, à prendre soin de votre fidélité aux éléments pérennes de votre charisme[4].
COMMUNAUTE DE BUJUMBURA
La vie de prière
L’amitié avec le Seigneur – comme nous rappelle le Pape, c’est pour sainte Thérèse vivre en communion avec Lui, c’est non seulement prier, mais faire de la vie une prière[5]. Thérèse met courageusement le signe d’égalité entre la prière et la vie. La réforme thérésienne est une conséquence d’une expérience concrète de la rencontre intime de Jésus avec Thérèse. De même pour nous : nous ne pouvons pas vivre sans oraison, sans méditation de la Parole, sans moments de solitude et de silence, sans être plongés dans l’Eucharistie. C’est exactement là, devant notre Dieu – le Dieu vivant, où nait au fond de nos cœurs un zèle jaloux, comme nous dit la fameuse devise du prophète Elie : Zelo zelatus sum pro Domino Deo Exercitum.
Certainement, les difficultés ne manquent pas, il y a des distractions et tout ce qui nous éloigne de la source cachée. C’est pourquoi notre Mère sainte Thérèse nous conseille à employer la stratégie appelée ‘determinada determinación’ (détermination déterminée, résolue, hardie). Cette volonté inébranlable de renouveler toute notre vie en Christ est l’expression du courage qui nous aide à surmonter notre peur de l’avenir. La Déclaration nous rappelle : La préoccupation pour le futur ne doit pas nous faire perdre de vue l’expérience de l’appel, qui est le fondement solide sur lequel notre existence repose. Nous ne savons pas quel sera l’avenir de l’Ordre, et encore moins celui de la partie de l’Ordre à laquelle nous appartenons. Nous ne savons pas non plus quelle forme prendra la vie consacrée, quels changements subiront les institutions ecclésiales que nous considérons souvent comme immuables. Mais ce n’est pas de cela dont nous devons nous préoccuper, mais plutôt d’avancer concrètement à la lumière de l’expérience que nous gardons dans notre cœur, d’où ont jailli et continuent de jaillir notre vie et notre identité spirituelle. Tout peut nous être enlevé, mais pas cette « source cachée » qui alimente notre espérance[6].
COMMUNAUTE DE MUSONGATI
La vie fraternelle
Un grand signe du temps d’aujourd’hui et un grand défi est le désir de fraternité. Comme le document dit : Notre nom dans l’Église est « Frères Déchaux de la Vierge Marie ». Nous sommes « frères », en conséquence la fraternité n’est pas un élément accessoire mais essentiel[7]. Dans cette dimension de notre vie il y en a et il y en aura toujours certaines tensions et difficultés. C’est tout à fait compréhensible. La construction de la communauté thérésienne est une entreprise exigeante. Nous sommes différents, chacun a sa propre personnalité, son bagage d’expérience et de blessures, son histoire de vie avec laquelle il rejoint la communauté.
N’ayons pas peur de différences qui peuvent nous enrichir si seulement nous allons les laisser éclairer avec la lumière de la Miséricorde Divine. N’ayons pas peur non plus d’en parler ouvertement et sincèrement. Ne faisons pas semblant que notre vie n’est qu’un bonheur parfait, sinon nous risquons d’amoindrir l’authenticité du témoignage de notre vie qui porte en soi l’abnégation. Et ce n’est pas parce que nous le voulons mais c’est grâce à l’appel adressé à nos cœurs.
L’union la plus profonde avec Dieu devrait être une présence la plus disponible
et accessible en face de l’autrui. Si nous voulons vivre en la présence de Dieu, nous devons apprendre à être disponibles pour nos frères. C’est ainsi que nous pouvons résumer la doctrine de Thérèse d’Avila dans le Chemin de perfection : Tâchez donc, mes sœurs, autant que vous le pourrez sans offenser Dieu, de vous montrer affables, et de vous conduire de telle sorte, avec toutes les personnes qui traiteront avec vous, qu’elles aiment votre conversation, qu’elles se sentent attirées à partager votre manière de vivre et d’agir, qu’enfin au sortir de vos entretiens, la vertu, au lieu de les effaroucher et de les décourager, n’ait plus que des charmes pour elles. Cet avis est de très grande importance pour les religieuses. Plus elles sont saintes, plus elles doivent avoir avec leurs sœurs la conversation aimable. Peut-être aurez-vous quelquefois de la peine que les entretiens de vos sœurs ne soient pas tels que vous les souhaiteriez ; ne vous éloignez pas d’elles, si vous voulez leur être utiles et gagner leur amitié. C’est un devoir pour nous de montrer de l’affabilité, de la bonté, de la condescendance, à l’égard de toutes les personnes avec qui nous avons des relations, mais principalement envers nos sœurs”[8].
et accessible en face de l’autrui. Si nous voulons vivre en la présence de Dieu, nous devons apprendre à être disponibles pour nos frères. C’est ainsi que nous pouvons résumer la doctrine de Thérèse d’Avila dans le Chemin de perfection : Tâchez donc, mes sœurs, autant que vous le pourrez sans offenser Dieu, de vous montrer affables, et de vous conduire de telle sorte, avec toutes les personnes qui traiteront avec vous, qu’elles aiment votre conversation, qu’elles se sentent attirées à partager votre manière de vivre et d’agir, qu’enfin au sortir de vos entretiens, la vertu, au lieu de les effaroucher et de les décourager, n’ait plus que des charmes pour elles. Cet avis est de très grande importance pour les religieuses. Plus elles sont saintes, plus elles doivent avoir avec leurs sœurs la conversation aimable. Peut-être aurez-vous quelquefois de la peine que les entretiens de vos sœurs ne soient pas tels que vous les souhaiteriez ; ne vous éloignez pas d’elles, si vous voulez leur être utiles et gagner leur amitié. C’est un devoir pour nous de montrer de l’affabilité, de la bonté, de la condescendance, à l’égard de toutes les personnes avec qui nous avons des relations, mais principalement envers nos sœurs”[8].
Cette précision : ‘principalement envers nos sœurs’ nous fait comprendre que le premier destinateur d’amour est celui qui est plus proche de moi dans le quotidien – mon frère. Il est facile d’aimer toute humanité ou bien l’idée d’une personne humaine, mais plus difficile est d’accueillir et aimer quelqu’un qui ne convient pas à mes attentes. N’hésitons pas de favoriser les moyens évangéliques : le pardon, la correction fraternelle et surtout la prière de uns pour les autres. L’espace le plus favorable du dialogue fraternel est le chapitre conventuel. C’est là, où il nous faut entretenir courageusement les échanges pleins de respect et de transparence. Parlons-en sincèrement entre nous.
COMMUNAUTE DE GITEGA
La mission
Nous sommes tous missionnaires. Nous ne pouvons donc pas nous renfermer sur nous-mêmes – dans notre propre confort. La mission fait partie intégrale de notre charisme. Notre mère Thérèse était prête à faire beaucoup de sacrifices pour élargir le collège des amies de Jésus. C’est la rencontre avec un missionnaire franciscain - père Alonso Maldonado, dans le parloir du monastère de saint Joseph, pendant laquelle elle s’est sentie stimulée dans un zèle apostolique et dans le désir du salut des âmes aussi bien que dans le souhait de gagner d’autres collaborateurs. Cette rencontre est parmi les évènements fondateurs décrits dans les Fondations – le récit d’épanouissement dynamique de la réforme thérésienne.
Renouvelons nos forces et nos motivations à l’exemple de sainte Thérèse. Engageons nos talents et tout ce que nous sommes au service de l’Eglise qui attends de nous premièrement la fidélité au charisme. Cela veut dire que nos œuvres comme les paroisses, les centres de spiritualité, les groupes de prière, les chorales peuvent être marqués par le style thérésien. Sûrement, cela nous coûtera beaucoup d’énergie mais le véritable ami essaie toujours de faire ce qui plaît à son ami, en collaborant avec lui au même projet. Entrer dans une relation d’amitié avec Dieu, et la vivre avec d’autres afin de s’entraider, a pour conséquence incontournable d’être en permanence à sa disposition : « Peut-être ne savez-vous pas bien ce que c’est que d’aimer, je ne m’en étonnerais guère. Eh bien ! Aimer, ce n’est pas avoir beaucoup de goûts spirituels, c’est être fermement résolue de contenter Dieu en tout »” (4 D 1,7)[9].
Cet aspect devrait être aussi présent dans le domaine des projets économiques et dans vos œuvres de bienfaisance que vous gérez dans une collaboration avec le bureau de mission, avec d’autres partenaires et organismes et avec vos bienfaiteurs. Je suis conscient que cette sphère du travail prend du temps et que vous n’êtes pas nombreux dans vos communautés mais je suis sûr que cela est aussi un porteur significatif des valeurs carmélitaines. Ce sont des moyens d’évangélisation et de promotion de notre charisme dans le monde contemporain. Chaque projet et chaque entreprise bien discernés et réalisés dans une communauté peuvent nous aider à partager notre charisme reçu du Saint Esprit.
[1] Être Frères Carmes Déchaux aujourd’hui, Déclaration sur le charisme carmélitain-thérésien (Chapitre Général OCD 2021).
[2] Homélie du saint père Paul VI, célébration eucharistique en conclusion du symposium des évêques d 'Afrique, Kampala (Ouganda) Jeudi 31 juillet 1969.
[3] Déclaration, n. 74
[4] Message du pape François aux Chapitre général des carmes déchaux 11.09.2021
[5] Message du pape François
[6] Déclaration, n. 3
[7] Déclaration, n. 34
[8] Chemin de perfection, 41,7
[9] Déclaration, n. 48
VISITE DU PÈRE PROVINCIAL
Programme des réunions à Gitega
5.07. MARDI SOIR
18h00 arrivée des frères à Gitega
19h00 Vêpres
Diner (vaisselle : Gitega ; tables : Bujumbura et Musongati)
20h30 Réunion dans la grande salle (St Jean-Paul II et Sainte élisabeth de la Trinité)
Annonce du programme et projection d’un épisode historique (film)
Message du Provincial
Complies dans une grande chapelle
Salve au petit sanctuaire avec la Grotte de la Vierge Marie
6.07. MERCREDI
Oraison matinale : personnellement
7h30 Laudes
Petit déjeuner
9h00 Exposé du père Piotr Hensel OCD : « Revenir a son premier amour »
Partage fraternel dans les groupes sur le thème propose pendant l’exposé
Groupe 1 dans la grande salle
1. Ézéchiel (secrétaire du groupe)
2. Zacharie
3. Jean Marie Vianney Uwamungu
4. Zbigniew Nobis
5. Cyrille
Groupe 2 réfectoire de la communauté
1. Jean Marie Vianney Sakubu (secrétaire de group)
2. Maciej Jaworski
3. Joseph
4. Vedaste
Groupe 3 grande salle à manger
1. Jean Claude Ndabaniwe (secrétaire du groupe)
2. Fryderyk Jaworski
3. Audace
4. Célestin
Groupe 4 salon de la communauté
1. Jean Claude Mworoha (secrétaire du groupe)
2. Libère
3. Jean François
4. Paweł Porwit
11h00 Messe avec homélie du Père Provincial
Célébration de fête patronale des frères : Gallican, Piotr Jackowski – Provincial, Piotr Hensel,
Paweł Porwit, Antoine Marie Zacharie Igirukwayo, Audace Ishimwe, Nicaise Karerwa,
12h30 Repas et recréation (vaisselle : Musongati et Bujumbura ; préparation des tables : Butare et Gahunga)
Rencontre du Père Provincial et du premier Conseiller provincial avec le Conseil du Vicariat pour la préparation du Conseil plénier
18h00 Oraison
19h00 Vêpres
Diner (vaisselle : Gitega et Butare ; préparation des tables : Musongati)
21h00 Complies
7.07. JEUDI CONSEIL PLENIER
7h15 Messe avec des Laudes incorporée présidée par Zacharie
8h15 Petit déjeuner
9h00 – 10h30 Ière session
Prière d’ouverture et introduction Zacharie
Relation du partage dans les groupes (secrétaires des groupes)
Formation permanente : déclaration sur le charisme Provincial
Échange et questions sur ce sujet
10h30 Pause
11h00 – 11h55 IIème session
Rapports économiques et bilans des intentions des Messes Frédéric
Échange et questions sur ce sujet
12h00 Office des Lectures et Office du milieu du jour
12h30 repas (vaisselle : Bujumbura et Gahunga, préparation des tables : Gitega)
15h00 – 16h30 IIIème session
Description des projets Paul
Projets du Vicariat à Makebuko Zacharie
Fondation à Kigali Zacharie et Célestin
Information sur le projet du Sanctuaire Fréderic
Information sur le projet de construction à Gitega Paul
16h30 Pause
17h00 – 17h55 IVème session
Préparation du prochain Congrès capitulaire Zacharie
Échange et questions sur ce sujet
Protection des mineurs et des personnes vulnérables contre des abus sexuels dans l’Église Mathias
Échange et questions sur ce sujet
18h00 Oraison
19h00 Vêpres
Diner (vaisselle : Butare et Musongati ; préparation des tables : Bujumbura)
21h00 Complies
8.07. VENDREDI REUNION DES FORMATEURS
7h15 Messe avec des Laudes présidée par Piotr Hensel ; Homélie du Père Provincial
8h15 Petit déjeuner
9h00 – 10h15 Ière session
Prière d’ouverture et l’introduction Zacharie 5 min
Présentation des étapes de discernement et de formation (pratique actuelS et défis) :
Animation vocationnelle Rwanda Audace 10 min
Animation vocationnelle Burundi Jean Marie Vianney Sakubu 10 min
Aspirantat interne Jean Claude Ndabaniwe 10 min
Postulat Paul 10 min
Noviciat Célestin 10 min
Philosophiat Mathias 10 min
Théologat Zacharie 10 min
10h30 Pause
11h00 – 11h55 IIème session - questions et échange
12h00 Office des Lecture et Office du milieu de jour
12h30 Repas (vaisselle : Bujumbura et Butare, préparation des tables : Gitega)
15h00 – 16h00 IIIème session
Préparation du directoire Zacharie 15 min
Échange 45 min
Échange 45 min
18h00 Oraison
19h00 Vêpres
Exposé du père Piotr Hensel OCD :
« Revenir a son premier amour »
Chers frères,
Lorsque dans l'Ancien Testament l'année jubilaire est célébrée, et elle était célébrée tous les 50 ans, on sonnait du cor le dixième jour du septième mois, c'est-à-dire le jour des Expiations, le soi-disant Yom Kippour, ce jour-là, Dieu est expié pour les péchés de tout le peuple ainsi que le temple et l'autel sont purifiés, afin que le culte puisse être administré de façon digne et fructueuse. Ainsi donc se mettre debout devant Dieu - c'est là que commence le jubilé – on s’interrogeant : Qui es-Tu, Dieu !
Dans le livre du Lévitique dans le soi-disant code de sainteté, nous lisons que le message le plus important de l'année jubilaire est la "libération", avant tout spirituelle du péché, du mal, qui, cependant, doit s'exprimer aussi socialement, et elle doit avoir des effets et des fruits dans toute la communauté du peuple élu, et c'est aussi le temps, où "chacun doit retourner dans sa propriété, retourner dans sa famille", revenir à lui-même, réfléchir à ce qui est ma part, bref, répondre à la question : Qui suis-je ?
Et l'auteur inspiré ajoute après une série d'ordonnances - ce sera une chose sacrée pour vous!
Ces deux questions sont sacrées pour nous au Carmel - nous les connaissons bien : Qui es-Tu, Dieu ? Et qui suis-je ? Car, dans l'esprit de notre sainte Mère Teresa, chaque prière commence par ces questions - et proprement dans cet ordre. Regarder Dieu ! Et à travers Lui en Lui sur soi-même. Lorsque nous manquons de cette référence, dans cet ordre correct nous nous concentrons sur notre condition humaine et cela provoque très souvent de la fatigue, de l’affaiblissement, ou ce que nous appelons maintenant le burn-out, (épuisement professionnel) ou une certaine forme de narcissisme, que la déclaration de charisme décrit comme "l'auto -monothéisme" ou le monothéisme de soi ; ou en utilisant le terme anglais" self-obsession "- qui à la longue se termine également par un burn-out, que la tradition monastique appelait acédie.
Ce ne sont pas de nouvelles menaces, car notre Sainte Mère, dans un ouvrage aussi petit que "La manière de visiter des Monastères", regardant notre vie commune dans les monastères avec un réalisme exceptionnel, remarque cette condition lorsqu'elle écrit :
"le temps qui passe affaiblit souvent le zèle de la vie religieuse."
Par conséquent, il vous recommande de "faire attention aux débuts".
Jean de la Croix s'adresse de la même manière dans une lettre à la mère Anne de St. Albert - Carmélite Déchaussée, fondatrice et supérieure à Caravaca, fatiguée et accablée - comme le montre le contexte de la lettre :
Laissez à Dieu ce que vous lui avez donné et ce que vous lui donnez chaque jour.
Tel est le rôle du jubilé. On ne célèbre pas les jubilés pour dire quand on a vieilli ou que c'était le bon temps, mais pour remonter aux origines, être au commencement, reprendre l'amour des origines auquel nous invite le livre de l'Apocalypse.
Il y a 50 ans cet amour conduisait les missionnaires dans ce lieu particulier, et le même amour nous anime aujourd'hui, les prochaines générations de carmes Dechaux, ceux de Pologne, ceux du Rwanda ou du Burundi. Aujourd'hui, comme nous le rappelle Thérèse de Jésus dans le Livre des fondations, nous sommes le fondement de ceux qui vont nous succéder. Et ce qui est notre héritage, et ce qui nous unit et unit ces générations, c'est précisément l'amour pour l'Ami Divin, comme l'exprime parfaitement le document final du dernier chapitre général :
Nous devons avancer, nous ne pouvons pas faire autrement, mais le voyage ne peut plus être aujourd’hui celui d’un individu seul ou de petits groupes homogènes : Juntos andemos, Señor ! Marchons ensemble, Seigneur ! Nous pouvons poursuivre notre mission, surtout en ces temps si particuliers, mais en retrouvant résolument la référence au Seigneur (el Señor) : Compagnon de route, Source de communion entre nous, Ami en qui nous sommes tous amis, Fondement de nos vies. Nous y parviendrons en vérité si nous sommes réellement « ensemble», en dépassant les nombreuses différences et distances qui nous caractérisent encore. C’est toujours à cela que sainte Thérèse nous exhorte. Quant à saint Jean de la Croix, il nous rappelle que le Verbe Fils de Dieu nous a été donné comme frère, compagnon et maître, rançon et récompense .
Ce regard du Christ a une force unificatrice. Lorsque nous regardons le Christ, nous nous rapprochons les uns des autres. Je pense que de tous les commandements et instructions que Jésus nous a laissés, on peut dire sans exagération que l'unité était son testament. Tout le chapitre 17 de l’Evangile selon St. Jean - la prière sacerdotale (le fragment préféré de Jean de la Croix, qu'il connaissait par cœur et qu'il récitait souvent lors de ses voyages) est une prière pour l'unité avec cet appel au Père, qui est comme un refrain :
Qu'ils soient un comme nous sommes un.
Le premier fruit de la mort, de la résurrection et de l'ascension était la présence de l'Esprit Saint sur la terre, et le premier signe de cette présence était la communauté chrétienne à Jérusalem, sa vie commune dans laquelle il n'y avait qu'un cœur et une âme. Vivre ensemble est un miracle de l'Esprit Saint, un signe de la victoire de la puissance de Dieu sur tout ce qui divise. Les divisions sont des armes que le diable utilise le plus souvent pour détruire l'Église de l'intérieur. Nous sommes responsables de cette victoire du Saint-Esprit dans nos communautés.
Lors de toute la vie l'homme doit se simplifier, parce que la vie consacrée a été établie à cette fin. Les premiers moines étaient appelés monachos en grec, c'est-à-dire un homme ramené à l'unité, un homme qui enlevait tout ce qui n'était pas nécessaire pour que Dieu soit son seul but.
La principale pensée formatrice de Thérèse de Jésus repose avant tout sur ce principe - la présence transformatrice de Dieu, que notre mère décrit souvent avec l’image du regard réciproque. Regarder Celui qui nous regarde :
Je ne vous demande pas maintenant des méditations sur ce divin Sauveur, ni beaucoup de raisonnements, ni de grandes et subtiles considérations ; portez seulement sur lui vos regards. Oui, arrêtez sur lui les yeux de votre âme, quelques instants au moins, si vous ne pouvez faire plus. Rien ne saurait vous en empêcher (…). Votre époux, lui, ne détourne pas de vous ses regards (…). Considérez qu’il n’attend, comme il le dit à l’épouse des Cantiques, qu’un regard de nous : il y tient si fort qu’il n’omettra rien pour que vos yeux et les siens se rencontrent, et vous le trouverez comme vous désirez le voir (D 23, 6).
Le livre de la Genèse raconte qu'Agar, chassée par Sara et errant désespérément dans le désert, fut réconfortée et fortifiée par l'Ange de Yahweh. Puis elle a décrit tout l'événement avec les mots : J'ai vu celui qui m'a vu (Genèse 16, 13). Plus tard, le puits qui se trouvait à cet endroit s'appelait « Lachaj Roj - c'est-à-dire « Le vivant qui me voit ». Ces paroles reflètent fondamentalement la pensée formatrice de Ste Thérèse. Elle-même était au puits "Lachaj-Roj" toute sa vie. Son Dieu est le Dieu vivant et voyant. La conscience intense de cette présence et de cette vue du Dieu Vivant doit être le grand principe qui façonne l'âme du carme».
Même si nous nous sentons nous-mêmes faibles, pour diverses raisons en train de s'effondrer, quand nous avons des doutes quant à savoir si nous pouvons vraiment être le fondement de notre fragilité, regardons Jésus, comme l'a fait Pierre, dans cette merveilleuse conversation au bord de la mer de Galilée après la Résurrection.
Nous connaissons bien ce dialogue, nous l'avons entendu plusieurs fois, et nous l'avons probablement expliqué lors de nos homélies ou sermons. Mais disons-le encore une fois que le Seigneur Jésus et St Pierre ne se comprennent pas en quelque sorte, tel est au moins le sentiment en lisant ce texte. Car le Seigneur Jésus demande à St Peter agapas me ? Est-ce que tu m'aimes de cet amour parfait, spirituel qui est un tel attachement d’esprit à l'autre, une sortie de soi dans un don gratuit. Et St Piotr lui répond - ho ti filo - Je t'aime, mais je t’aime simplement comme un ami. Jésus pose des questions au sujet d’un amour de prédilection ou d'élection, d’un amour sponsal et Pierre répond comme un homme - je t'aime tout simplement, tout comme mon ami. La deuxième fois cette question se répète, et la même réponse est donnée. Et la troisième fois, le Seigneur Jésus lui dit, m'aimes-tu ? en utilisant ce mot de la réponse de Pierre - ce filein. Et Pierre attristé raisonne - il me demande la même chose pour la troisième fois (et pourtant Jésus demande d’autre chose deux fois, mais Pierre ne le remarque pas ...) tu sais tout, tu sais que je t'aime – pais mes brebis.
Cet entretien est aussi pour nous, ce n'est pas seulement pour Pierre. Le Seigneur Jésus interroge Pierre sur l'amour spirituel, et Pierre cela ne comprend pas très bien, c'est un type d'homme légèrement différent, il lui parle de l'amour de l'amitié et finalement le Seigneur Jésus lui demande, alors tu m'aimes tout simplement comme un ami? Et Pierre répond, oui tout à fait, je t'aime comme ça. Et peut-être que le Seigneur Jésus a souri à l’intérieur et il s’est dit – et bien, ça suffit. C’est suffisant que tu m'aimes comme tu le comprends, c'est suffisant que tu m'aimes comme tu peux. Tu seras un berger de mes brebis, car tu sais en prendre soin, peut-être que ton amour n'est pas aussi spirituel, aussi sublime que l'amour de Jean, mais c'est toi qui prendras soin de mes brebis, car tu peux les aimer comme tu m’aimes, comme tu mais tes amis et tu es capable de prendre soin d'eux - sur cela nous bâtirons l'Église, sur cet amour simple et ton sens de la fidélité et du devoir.
Notre Mère Teresa écrit de manière très similaire dans le Chemin de la Perfection, du chapitre 4 au 7 elle rappelle aux sœurs, encourage et recommande l'amour agape - cet amour d'élection, qui est un don gratuit de soi, pour dire à la toute fin des considérations sur l'amour fraternel dans le code de l'escorial aux sœurs :
Je veux juste ajouter ceci à la fin : mieux vaut s'aimer d'un amour encore moins parfait que celui que je vous décris, d'un amour tendre et affectueux, pourvu qu'il soit égal pour tous,
Il s'agit de nous…. Il vaut mieux aimer comme on peut que ne pas aimer du tout. Il n'y a pas de regards indifférents au ciel, disait Thérèse de l'Enfant Jésus. C'est une leçon que le père Bartek, me dit-il, a apprise du père Théophile qui devait dire : Si tu n'as rien d'autre à dire à ton frère, dis-lui au moins : je te vois.
L’entretien entre Jésus et Pierre continue et le Seigneur Jésus dit à Pierre qu'il viendra un temps où quelqu'un d'autre le guidera. En fait, ce temps a déjà commencé, Jésus le conduit maintenant, car cet évangile se termine avec des mots - suis-moi.
Celui (lit : ce quelqu’un ; celui-là) qui conduira Pierre dans des endroits où Pierre lui-même ne voudrait peut-être pas aller, c'est Jésus-Christ lui-même. Et il en sera ainsi, si nous nous en souvenons, nous verrons où il le conduira dans un instant - à la maison de Corneille, il le conduira à un Gentil, là où Pierre n'irait jamais seul, il le conduira à Rome, et enfin à donner le témoignage final de martyre.
Le Christ conduira Pierre, mais cette conduite sera pas un tirage sur la corde, mais un tirage par celui à qui vous venez de confesser l’amour! Ce sont des liens d’amour. C'est un fameux in obsequio Iesu Christi, dont parle notre règle et Teresa traduit l'obsequium Iesu Christi en amitié avec le Bien-Aimé. Dieu habite le château intérieur de la personne humaine, et de là, de l'intérieur, il fait entendre sa voix, offre son amour et attend une réponse d'amour.
L'obéissance est une relation. Trop souvent, dans les débats sur l'obéissance, le problème est mal posé on se concentrant sur le contenu du commandement et on se demandant si le supérieur connaît mieux la volonté de Dieu. Le problème principal réside ailleurs. La volonté de Dieu n'est pas tant ce que mon supérieur m'ordonne de faire, mais la volonté de Dieu est ma soumission, mon ouverture - "une véritable docibilitas, qui nous ouvre à un renouvellement permanent".
Pierre s’engage parce qu'il aime Jésus, parce qu'il a confiance en Jésus, parce qu'il est son premier ami, même si humainement parlant, ce chemin n'est pas celui dont il rêvait, mais à la fin il est victorieux.
Et je voudrais rappeler la fin de cette histoire évangélique. Pierre a bien compris ce message et cette leçon que le Christ lui a donnés, et il a immédiatement décidé de s'occuper de l'Église et le premier à qui il a décidé de s'occuper est St Jean et il dit au Seigneur Jésus : Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il?
St. Pierre se sentit immédiatement comme un protecteur et le Seigneur Jésus lui dit : Cher Pierre, et que t’importe cela, je t’avait bien dit de faire paître MES brebis, pas les tiennes, tu dois les nourrir mais ils sont à moi. Ne t’inquiètes pas pour John, même s'il allait vivre jusqu'à la fin du monde - ne t’inquiètes pas. Toi, suis-moi! Et de nouveau il lui rappelle que c'est Lui qui bâtira l'Église par Pierre et sur Pierre, mais que le Christ bâtira avec des forces comme Pierre possède, fortifié par l'amour, mais c'est le Christ qui bâtira l'Église.
Nous sommes tous un peu dans cette situation. Le Seigneur Jésus accepte ce que nous sommes et il nous demande : M'aimes-tu ? Et nous n'avons qu'à répondre : Seigneur, je t'aime autant que je peux. Peut-être le Seigneur Jésus nous posera-t-il plusieurs fois la question dans différentes situations de notre vie, mais n'ayons pas peur car Il dira finalement : Cela suffit ! C’est suffisant de m'aimer autant que tu peux et tu verras, qu’avec mon aide, c’est beaucoup.
Mais nous devons être imprégnés de cette conscience d’être béni et choisi par Dieu. Le charisme carmélitain est un don, ce n'est pas notre propriété, nous n'avons pas choisi cette vie pour développer nos propres forces et compétences, nous ne sommes pas devenus carmes parce que nous pouvons bien le faire, que cela nous plaise, ou simplement pour gagner notre pain de cette façon, il ne s'agit pas d'un travail dans lequel, grâce à nos compétences, on peut subvenir à nos besoins et même compter sur une promotion. Le charisme signifie : je donne ce que je ne peux pas donner de moi-même; je fais ce qui ne vient pas de moi; je suis le messager et je suis devenu le médiateur de ce que l'Autre - Dieu - m'a communiqué.
Dans le rituel utilisé pendant le jubilé de la profession religieuse, le dialogue du présidant de cérémonie avec le jubilant suit l'évangile. Le prêtre demande au jubilant :
Que demandez-vous à la Sainte Église ?
Et le jubilant répond :
Encore une fois, ce que j'ai demandé au début de ma vie religieuse... une grâce de zèle renouvelé.
Nous aussi, en célébrant et, en réalité, en mettant fin à ce grand jubilé, nous demandons la même chose que les ermites du Mont Carmel ont demandé il y a des siècles : de vivre en obseqio Iesu Christi - c'est-à-dire, avec nos yeux fixés sur le Christ, ce que notre Mère Teresa avait demandé et ce qui est le fondement de toute notre réforme, comme elle va le dire elle-même :
Un désir vif me vint alors, qui prit toute mon âme et qui la possède encore, c'est que Notre-Seigneur ayant tant d'ennemis et si peu d'amis, ceux-ci fussent bons. Ainsi je résolus de faire le tout petit peu qui était en moi, c'est-à-dire de suivre les conseils évangéliques avec toute la perfection possible, et de porter les quelques religieuses réunies ici à embrasser le même genre de vie.
Faisons alors ce tout petit peu thérésien qui est à notre portée et cela sera suffisant. Je vous remercie de tout mon cœur pour votre attention et patience !
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